A la fois à l’abri des regards et ouverts sur la lumière, les ateliers d’artistes ont toujours été un lieu de curiosité pour moi…

Le premier rencontré fut celui du film « Frida » : nul besoin d’espace, la douleur étant le siège de sa création, elle commença à peindre son premier tableau depuis son lit pour échapper à l’ennui et conserver la force de combattre.

Un simple lit… ou une pièce unique avec vue sur une forêt : l’atelier de Cézanne en Provence, éclairé par d’immenses verrières, m’a aussi laissé cette sensation de pénétrer dans l’intimité de l’artiste, comme si sa créativité y rôdait encore…

En silence, les étoffes, les fruits, les vases, les statues posées ça et là chuchotent encore les pensées de Cézanne…
Rue Antoine Bourdelle à Paris dans le quartier Montparnasse, se trouve son atelier encore figé dans le temps : la grande verrière apporte là aussi cette immense respiration de lumière. La patine vert de gris des murs fait écho aux bronze oxydé des statues, l’immense centaure veille, la tête penchée comme si, tordue de façon exagérée, elle surveillait les têtes de femme alignées sur la table de ferme sur sa droite…

Même verrière mangeant la moitié de l’atelier, dans l’atelier de Suzanne Valadon à Montmartre, les palettes à la peinture séchée, les châssis entreposés avec un léger désordre, le poêle avec encore de la suie sur le dessus donnent un effet saisissant de réalité… même si je sais pertinemment que tous ces objets ont été chinés et qu’il s’agit d’une reconstitution… La mise en scène laisse l’idée du fourmillement créatif qui peut naître d’objets épars et de la simple omniprésence de la lumière… j’imagine le bruit de la pluie tombant sur la verrière, le givre s’y déposant les matinées d’hiver, l’artiste sous un châle réajustant la hauteur de son chevalet…