Elle était si envahie par ses pensées qu’elle en oublia de se maquiller.
Elle ne s’en rendit compte qu’à la remarque d’un étudiant :
— Vos yeux sont plus petits aujourd’hui, madame !
Dans le miroir des toilettes, une collègue croisa son regard. Sans hésiter, elle lui lança :
— Ton sourire, c’est le plus beau des maquillages…
Ces mots la touchèrent malgré elle.
L’art de dire ce qu’il faut, au bon moment. Un geste simple, mais puissant. Plus que de la bienveillance, c’était cette sororité discrète, ce fil invisible entre femmes, qui, dans les instants les plus ordinaires, la portait et la rappelait à elle-même.
La bienveillance ne voyait pas l’absence, elle soulignait la beauté.
Un sourire. Une présence. Une main tendue.
C’était cette force silencieuse qui transformait les failles en appuis, et les instants d’oubli en éclats de lumière.
Ce tableau incarne cette force invisible et indéfectible du lien entre femmes.
Ce bras passé sur l’épaule. Cette accolade qui dit tout sans un mot.
C’est cette manière que nous avons de nous porter, nous comprendre, nous rattraper quand l’une vacille.
Il y a une confiance brute dans cette posture. Une amitié qui ne cherche pas à se prouver, juste à être. Une évidence.
La mer, absente mais omniprésente, suggérée par ces bonnets de bain, ces maillots.
Comme un horizon commun. Un espace où l’on plonge ensemble.
Où l’on se soutient face aux vagues.
Le corail au loin, éclat brut, évoque l’intensité qui nous traverse.
Ce feu intérieur.
Cette énergie indéfectible qui nous lie.
Et ce vert ?
Un vert anis issu d’un mélange de jaune et de bleu, hasardeux et inattendu, comme la vie elle-même.
C’est le vert de l’enfance. Celui des murs de la salle de bain choisis par sa mère.
Celui d’un récipient en faïence chez sa grand-mère.
Vert de transmission, de lien, de résilience à travers les générations.
La sororité, c’est ça.
Un paysage émotionnel que l’on arpente ensemble.
Où les bras se croisent.
Où les mains attrapent.
Où les âmes s’accordent.